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Le site de Jacques Dutertre.  
 
 
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Aventures d'un petit auteur

Quelques "aventures" 
personnelles 
 
 
 
I/ Une lectrice "intéressée" 
 
Être un petit auteur en quête de lecteurs ne va pas sans qu'il n'en résulte de petites péripéties plus ou moins cocasses.Par exemple, à mon club de tennis, lors des finales du tournoi interne, je ne fus pas peu surpris quand une dame que je connais superficiellement, femme d'un partenaire très occasionnel, entama la conversation en me disant qu'elle était intéressée par mon livre Comment s'enrichir ?... 
 
Bien, me direz-vous ? Oui. au petit détail près qu'elle comptait sur moi pour lui en donner une copie à titre grâcieux ! Elle fut fort déçue quand je lui expliquai - ce qui était la stricte vérité - que je n'avais que très peu d'exemplaires d'auteur et que je les avais distribués auprès de personnes ou connaissances proches des media avec l'espoir d'avoir une "couverture médiatique". 
 
- Alors, il faut l'acheter ? s'exclama-t-elle, presque indignée ! 
 
Que voulez-vous dire dans un tel cas ? Je lui répondis qu'elle pouvait toujours suggérer à notre bibliothèque municipale (je reviendrai sur ce point ailleurs) d'en faire l'acquisition... 
 
J'avais aussi envie de lui réciter un poème de José Maria de Hérédia que j'ai appris dans mon adolescence, que je n'ai pas oublié et qui me paraît admirablement s'appliquer à la situation. En voici le texte : 
 
Lupercus 
 
 
Lupercus, du plus loin qu'il me voit : - Cher poète, 
Ta nouvelle épigramme est du meilleur latin ; 
Dis, veux-tu, j'enverrai chez toi demain matin, 
Me prêter les rouleaux de ton oeuvre complète ? 
- Non. Ton esclave boite, il est vieux, il halète, 
Mes escaliers sont durs et mon logis lointain. 
Ne demeures-tu pas auprès du Palatin ? 
Atrectus, mon libraire, habite l'Argilète. 
Sa boutique est au coin du forum. Il y vend 
Les volumes des morts et celui du vivant, 
Virgile et Silius, Pline, Térence ou Phèdre. 
Là, sur l'un des rayons, et non certes aux derniers, 
Poncé, vêtu de pourpre et dans son nid de cèdre, 
Martial est en vente au prix de cinq deniers ! 
 
 
Comme quoi, il n'y a rien de nouveau sous le soleil ! 
 
 
 
II/ Nul n'est prophète en son pays ! 
 
 
Écrire un livre, c'est déjà bien. L'avoir publié, c'est très bien. Le vendre, c'est mieux encore ! Mais là, l'auteur néophyte, surgi de l'anonymat, ne doit pas se faire d'illusions. Il est plus que probable que "son" livre ne sera pas un bestseller. Il faut dire que, sauf exception rarissime, l'ouvrage en question n'aura pas ou peu de couverture médiatique. En effet, si l'éditeur a un service de presse, il y a bien peu de chance qu'il le mette au service d'un nouvel auteur débutant. Or, la clé du "livre business" c'est la distribution : par exemple , si le livre est présent dans les FNAC ou autres grandes surfaces spécialisées, c'est évidemment un point positif, mais on peut dire que c'est une condition nécessaire mais pas suffisante de succès. De manière générale, plus l'éditeur sera modeste et plus faible sera la probabilité que le livre se vende bien… 
Et l'auteur ? Comment faire lui-même de la publicité pour son ouvrage ? Il peut lui venir à l'idée que les bibliothèques municipales sont un vecteur publicitaire tout à fait valable. Non pas tant par le volume d'achat potentiel qu'elles représentent elles-mêmes que par la vitrine qu'elles offrent : ainsi, il n'est pas rare qu'après avoir emprunté et lu un volume, les lecteurs aient envie de l'acquérir pour leur compte personnel ou pour en faire cadeau à un proche… 
Hélas, je me dois de dire qu'en ce domaine, mon expérience personnelle a été plus que décevante. En dépit de mes suggestions, en dépit de mes prospectus ou e-mails d'information adressés aux bibliothécaires pour les informer de mes nouvelles parutions, et en dépit des exemplaires d'auteur offerts, au jour où j'écris ces lignes, sur la petite dizaine de livres pour lesquels j'ai eu la chance de trouver un éditeur, aucun n'a été commandé par "ma" bibliothèque municipale ou par celles des alentours immédiats… 
Est-ce un phénomène courant ? Je ne sais… Si vous qui lisez ces lignes êtes aussi un petit auteur, faites-moi part de vos expériences sur ce point. Nous pourrons ainsi vérifier ensemble si la sagesse populaire dit vrai quand elle affirme que nul n'est prophète en son pays ! 
 
PS : Je ne sais si un ou une des bibliothécaires a lu les lignes qui précèdent mais ce que je peux dire est que, bien après qu'elles ont été écrites et publiées sur mon site, un de mes livres est effectivement apparu sur les rayonnages de la bibliothèque annexe de ma commune... C'est un début, modeste certes, mais un début quand même. Comme quoi, patience et longueur de temps... 
 
 
 
III/ Une mystérieuse auteur fantôme... 
 
un agent littéraire qui disparaît ? 
 
Une vraie arnaque ? 
 
 
 
Comme vous avez pu le remarquer, j'offre la possibilité aux visiteurs de ce site de me contacter par e-mail. Et j'en reçois effectivement quelques-uns. Souvent intéressants et sympathiques. Mais parfois aussi un peu particuliers ou étranges. Parmi ces derniers, voici un des plus bizarres, reçu début août 2003 : 
 
Objet : Possède scénario recherche co-auteur 
 
Bonjour, 
Je me permets de vous mettre en contact avec ma cousine qui a vécu une histoire hors du commun et qui voudrait faire publier un livre.Un écrit a déjà été rédigé mais le style n'est pas très "heureux". 
L'objectif de ma cousine consiste dans un premier temps à faire ré-écrire un premier chapitre et le présenter à des éditeurs.Ensuite, si un accord est passé avec un éditeur, un pourcentage est à négocier. 
 
Cordialement 
Patrice de la part de D….. J…… 06 xxxxxxxx 
 
Il y a , convenez-en, de quoi rester un peu perplexe. Une chose était certaine : il n'était pas question pour moi de téléphoner à une personne inconnue, elle même introduite par un tiers que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam. D'autant que le message ne donnait aucune précision sur le type de récit concerné ? Autre question : était-ce une blague ou du sérieux ? Ou une tentative d'arnaque ? Ou bien était-ce un "appel au secours" sincère ? Dans le doute, je décidai de répondre comme si c'était le dernier cas, en me donnant la peine d'aller au fond des choses. Voici le texte de ma réponse : 
 
 
 
Bonsoir ! 
 
J'ai bien reçu votre message... auquel je souhaite apporter une réponse circonstanciée. 
 
Remarques relatives au message, signé Patrice (indep@free.fr) daté du 3août 2003 et relatif à un manuscrit de D---------- J-------- 
 
C'est avec sympathie que j'ai pris connaissance de votre message, car je crois pouvoir comprendre les sentiments éprouvés par votre cousine et par vous même. 
 
I/ D'abord, une petite remarque directe, dont, je l'espère, vous ne vous formaliserez pas, mais que je crois utile, car il est vraisemblable que les autres personnes que vous avez pu contacter ou contacterez sur votre projet auront - même si elles ne le disent pas - la même réaction : pourquoi n'est-ce pas votre cousine qui présente elle-même son projet ? C'est la question que l'on se pose automatiquement. On peut, par exemple, se demander si elle n'agit pas sous la pression de son entourage, ce qui, même si cela part d'une bonne intention, n'est pas forcément idéal… Si, tout prosaïquement, la raison est qu'elle n'est pas connectée à Internet, il serait quand même mieux, à mon avis, que les messages partent directement sous son timbre. 
 
II/ Une manière illustrée et volontairement "forcée" de résumer votre message pourrait être comme suit : 
 
1/ Vous pensez détenir une "mine d'or", 
 
2/ Vous voulez l'exploiter, 
 
3/ Vous avez des problèmes techniques à résoudre pour y parvenir, 
 
4/ Vous cherchez des "experts" travaillant au pourcentage pour vous assister (vous ne voulez pas "sortir" d'argent de votre poche), 
 
5/ Vous ne voulez pas qu'on vous "pique" votre mine d'or (vous ne le dites pas explicitement mais la tonalité du message est éloquente). 
 
Cette approche n'a, en soi, rien d'illogique… mais la "mise en musique" n'est pas forcément évidente. 
 
III/ Le paragraphe qui suit ne cherche pas à vous décourager mais, en jouant l'avocat du diable, à vous faire peut-être mieux toucher du doigt certaines réalités. 
 
1/ Les chances de succès final sont, a priori, faibles (c'est vrai pour tout le monde !), 
 
2/ Le succès suppose que votre cousine y croit vraiment elle-même, pas parce que c'est son aventure et ses écrits, mais parce qu'elle croit sincèrement que ce qu'elle raconte peut intéresser un large public, 
 
3/ Il faut que l'entourage (c'est apparemment votre cas) y croit tout autant qu'elle et, là aussi, pour des raisons objectives (cela doit intéresser des tas de gens), 
 
4/ L'expression "hors du commun" que vous utilisez, n'a pas forcément le même sens pour vous et pour les éditeurs. Et ce d'autant que chaque éditeur a lui-même sa propre notion de ce qui est exceptionnel et que c'est rarement la même que celle de l'auteur ! 
 
5/ Pour un auteur inconnu, il est à craindre que la présentation d'un seul chapitre - aussi bien "léché" et intéressant soit-il - réduise fortement les chances - déjà pas très importantes - de succès. À mon avis, il est préférable de présenter un manuscrit complet. C'est, en général, ce que veulent les éditeurs pour un livre autre que "pratique". 
 
6/ Tout auteur débutant a peur de voir son œuvre "piratée". C'est une réaction normale mais, à mon avis du moins, infondée. La méthode la moins chère pour se rassurer est de s'envoyer à soi-même, par la poste, son propre manuscrit - en précisant sur ce dernier qu'on en est l'auteur - sous enveloppe scellée qu'on conservera en l'état, 
 
7/ Concernant le "rewriting" qui serait nécessaire, la question est délicate. Il existe pas mal de gens qui proposent leurs services en ce sens, moyennant finances, naturellement. De votre point de vue, ce n'est pas l'idéal et vous voudriez quelqu'un qui marche au pourcentage sur les droits futurs. Cela vous éviterait effectivement toute sortie de "cash" et, par ailleurs, le fait de trouver quelqu'un serait encourageant, car cela prouverait qu'il (elle) croit, au moins un peu, aux chances de succès… sinon, il ne se lancerait pas dans ce genre de travail assez considérable et pas forcément rigolo… Mais il faut vous attendre à ce qu'il réclame (selon le volume et l'importance du travail) jusqu'à 30 à 50 �e l'ensemble des droits futurs. En outre, encore faut-il que son style corresponde à ce que vous souhaitez ! Inutile de dire que si le manuscrit complet n'existe pas et que vous cherchez un "nègre" pour écrire le livre sur la base de sessions d'interviews, non seulement le travail est encore plus considérable mais il faut, en plus d'être satisfait du style du "ghostwriter", avoir des atomes crochus avec lui (elle) ! 
 
IV/ Indépendamment de toute question de "marchand de tapis", je dois dire qu'à titre personnel, je suis, a priori, un peu réticent sur le principe même : je préfère me consacrer à mes propres écrits ! Même s'il est vrai, que pour rendre service à la famille ou des amis, il m'est déjà arrivé de "rewriter" thèses et rapports. 
 
En fait, dans le cas présent, je ne pourrais - dans la logique même de qui est dit plus haut - me prononcer qu'au vu du manuscrit complet, aussi imparfait soit-il. Si D------- J------ le souhaite, elle peut me le faire parvenir, sous forme de pièce attachée à un e-mail (format .doc ou .rtf pour PC). Je lui ferai alors part de mon impression d'ensemble personnelle. Ce n'est qu'après cette lecture rapide qu'on pourrait alors, soit décider d'en rester là, soit envisager d'aller plus loin, tout cela, à ce stade, sur une base informelle et dans la bonne humeur, quel que soit le" résultat des courses" ! 
 
Dans tous les cas, permettez-moi de vous souhaiter sincèrement "Bonne chance !" 
 
Cordialement. 
 
Jacques Dutertre 
 
 
 
Et voilà la réponse que je reçus : 
 
 
 
Cher Monsieur, 
 
J'ai lu rapidement votre réponse. Permettez moi de vous dire que ces remarques sont des interprétations (ou extrapolations) déplacées. Ma cousine n'est pas connectée à internet et j'ai refusé par trois fois de m'occuper de son affaire. 
 
Je me décide enfin à la mettre en contact avec quelques personnes trouvées sur internet. Point final. 
 
Je vous rappelle donc les coordonnées téléphoniques de ma cousine : 06 xx xx xx xx 
 
Je ne vous ai pas donné les miennes et vous ne les méritez pas. 
 
Merci de ne plus me contacter. 
 
Le moins qu'on puisse dire est que ce n'est pas une réaction très aimable, qu'elle est aussi bizarre et que cela fait regretter de s'être donné la peine de répondre dans le détail. Le côté amusant de la chose est que - si toute l'histoire n'est pas un "bateau" ou une tentative d'arnaque - l'ambiance familiale des proches de ce monsieur doit être assez musclée ! Bien sûr, pas question de laisser passer sans réagir cette réponse qui, de mon point de vue, frôle la goujaterie d'où cet autre e-mail de ma part : 
 
Je ne crois pas avoir de leçons ni d'ordres à recevoir de vous ! 
 
Quand, comme c'est votre cas, vous écrivez à quelqu'un qui ne vous connaît pas et quand cette personne prend le temps et la peine de vous répondre dans le détail, la moindre des choses est de rester correct... même si vous n'aimez pas ce qui vous est écrit (courtoisement) et que vous feriez peut-être bien de lire autrement que rapidement... 
 
En particulier, je le répète, ce que vous appelez mes interprétations/interpolations sont celles que feront, s'ils sont sérieux, la majorité des interlocuteurs que vous contacterez de cette manière presque "brutale" : faute de ne disposer d'aucun élément précis et solide d'évaluation, ils n'appelleront pas votre cousine juste sur la foi d'une vague affirmation de votre part, sorte de carotte agitée devant la tête d'un âne. 
 
J'ajouterai que si, néanmoins, elle reçoit des appels, elle fera bien d'être prudente... car le risque qu'ils émanent alors de gens pas forcément très délicats est loin d'être nul. 
 
Enfin, posez-vous la question suivante : est-ce ce que le fait qu'apparemment vous soyez un représentant fort réticent de votre cousine est un élément en sa faveur ? 
 
Bon vent et bonne chance à elle quand même. 
 
JD 
Et que se passa-t-il ? Mon e-mail me revint : l'adresse avait apparemment été créée juste pour l'occasion et n'existait plus ! Exactement comme le font les "spammers" professionnels. Mon correspondant fantôme ne désirait apparemment pas lire la prose qu'il pourrait recevoir ni risquer d'être "tracé" ! Pas courageux et pas téméraire, le gars ! Pauvre cousine et ses rêves de publication ! Pauvre cousin soi-disant embauché, à son corps défendant, comme démarcheur ! Et quelle ambiance "intéressante" dans la famille... Et si c'était une arnaque ? Dans tous les cas, on aimerait presque connaître la suite de l'histoire… 
 

 

(c) jacques dutertre - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 20.10.2016
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