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Quelques articles sur l'écriture et l'édition

 
 
I/ CRITIQUER et ÉCRIRE ?  
(article paru, en juillet 2003, dans le journal des lecteurs de ma bibliothèque municipale)  
 
Le Journal des lecteurs propose au petit auteur que je suis de faire un article sur ses livres. En ce monde où la course aux ventes prime tout, mes éditeurs n’aimeraient pas que je décline l’invitation ! Pourtant, j’hésite. Il me revient un souvenir ancien : à la cafétéria de mon entreprise, un homme est assis derrière une table et une pile de livres. Il a l’air de s’ennuyer. En gagnant l’ascenseur, je me dis « Mais je le connais…». Et je réalise que c’est Paul-Loup Sulitzer ! Il a remarqué mon manège. Nos regards se croisent. Dans le mien, il y a de la compassion : à mon avis, ce n’est pas le rôle d’un auteur de best-sellers de faire le tour des comités d’entreprise pour vendre ses livres. Il sourit et me dit: « Venez me tenir compagnie !». Je réponds que j’ai un rendez-vous professionnel. Il lève les deux mains en soupirant, mimique corporelle plus éloquente qu’une phrase. 
Je ne l’ai jamais revu mais, maintenant qu’à un degré ô combien moindre, je suis un auteur, la scène me revient à l’esprit. Et je ne me vois pas faire la promotion d’un livre, du moins pas ainsi. Il est bon qu’un auteur aille au devant de ses lecteurs et qu’il y ait un échange ? Oui. Mais tout dépend comment. Oui à une «rencontre pour lire» organisée par une bibliothèque. Oui aussi à un forum style FNAC, avec des gens que le sujet traité intéresse. 
Mais que penser de sessions du genre « Monsieur X, auteur du livre Y, sera présent sur notre stand… » ? J’ai l’impression que c’est parfois « galère », même pour des auteurs confirmés. Mais ce peut être bon pour certains de descendre de leur piédestal. 
Ainsi, je revois cet auteur connu, interloqué d‘abord, amusé ensuite, par le sans-gêne de visiteurs désinvoltes du Salon du livre feuilletant ses livres avec des commentaires inattendus : la diversité des lecteurs, réels ou potentiels, est une réalité ! Au même Salon, comment ne pas compatir au sort des petits auteurs publiés à compte d’auteur ? Leur «éditeur» a réservé une série de tables en enfilade. Chacun est à celle qui lui est assignée – peut-être a-t-il dû payer son écot ? – dans le vain espoir qu’un visiteur s’intéresse à ses œuvres. Quant aux ventes… 
À tort ou à raison, ces images ne m’incitent pas à « pousser » mes bouquins ou à en faire le panégyrique. Face à ma réticence, on me suggéra alors : « donnez votre avis sur les livres des autres ! ». 
Mais n’est-ce pas délicat, pour un auteur, qui sait la somme d’efforts que représente un livre, de juger les autres ? En voyant, dans le passé, le palmarès des critiques, on devient prudent. Que d’auteurs objets de dithyrambes et à jamais oubliés ! Combien d'autres vilipendés et passés à la postérité ! Une critique ne vaut que si elle est constructive.C’est ce qui m’a poussé à écrire. Trouvant médiocres les livres de jeunesse récents, j’en ai écrit un ! Mon entourage et une romancière connue ont aimé mon "Pharaon du bout du monde". Mais pas les éditeurs. Que d’efforts vains pour un roman que je crois sincèrement meilleur que bien d’autres ! 
Alors, je me suis « vengé »... Comment ? En écrivant,en deux mois, un livre pratique «commercial»! À peine terminé,je le présente à un éditeur.Le lendemain, je signais le contrat ! Ce livre (Comment s'enrichir, réédité par CY éditions)était le premier d’une trilogie. Or, « mon » éditeur ne voulut pas des deux autres « tomes ». Pourquoi ? Parce que le premier ne l’avait intéressé que pour combler un trou dans son planning ! D’où une parution fin juin. Pas idéal pour un ouvrage financier, surtout qu’un livre est une marchandise périssable. Sa durée de vie ? Quelques semaines dans les rayons. Bref, il me fallut trouver d’autres éditeurs. 
Ces « aventures » m’inspirèrent un livre sur le thème « Écrire, c’est bien, se faire publier, c’est mieux ! », analyse critique de l’industrie du livre et du sort fait aux auteurs en quête de publication. En effet, quand j’écris un livre, c’est le résultat de l’étude critique d’une situation ou d’un fait. Ainsi, Non aux arnaques ! (CY éditions, 2002) vient de mon « raz le bol » de pratiques « commerciales » anormales. Ne jouez pas idiot ! (Grancher,2003) est en partie une réaction au rôle peu glorieux de l’État dans le domaine des jeux d’argent… 
Est-ce que la genèse d’un livre – pratique, historique ou romanesque – ne repose pas souvent sur la critique – directe ou indirecte – de quelque chose ou de quelqu’un ? Si, comme le quart des Français(es), vous êtes mordu par le virus de l’écriture,n’est-ce pas pour exprimer une forme de critique ? Voici des exemples. Une autobiographie, un journal intime : n’est-ce pas une sorte d’autocritique ou de réponse anticipée à des critiques envers l’auteur ? Un livre d’histoire : n’est-ce pas une critique – au moins implicite – des historiens précédents ? Qui ont négligé le personnage ou les faits auxquels on s’intéresse ou les ont abordés sous un angle incomplet, biaisé, etc. Enfin, un roman n’est-il pas fort souvent une analyse critique ? Du présent, du passé, de la nature humaine… 
Je vais arrêter là ma prose. Nul doute : plus j’écris et plus je m’expose à vos critiques ! Si tel est le cas, exprimez-les ! Par exemple en proposant au Journal des lecteurs un texte de votre cru sur le sujet que j’ai tenté d’aborder à ma manière… 
Jacques Dutertre 
 
 
 
 
II/ ÉCRIRE, C’EST BIEN, SE FAIRE PUBLIER, CE SERAIT MIEUX ! 
(texte d'un projet d'article que j'avais proposé -sans succès - au quotidien 20 minutes à l'occasion du Salon du Livre 2003)  
 
Un matin d’août, j’arrive assez tôt à la gare pour trouver 20 minutes. Ô surprise : le feuilleton du jour est signé Thomas Burnet ! Thomas fait partie du même groupe de Rock mélodique que mon fils John ! Et nous sommes tous atteints du virus de l’écriture. John écrit, compose et chante ses chansons. Thomas et moi, c’est l’écriture « pure ». 
Nous ne sommes pas seuls : 4 millions de Français écrivent et rêvent de se faire publier. Mais on s’est aperçu à nos dépens que ce n’est pas simple. Mon premier roman : 84 refus ! Une nouvelle de Thomas : 20 rejets ! Pourtant, à voir certains ouvrages chez de grands éditeurs, on les vaut bien. Mais nous, nous sommes des inconnus. Notre manuscrit n’a guère de chance de sortir du lot : les grands éditeurs en reçoivent 100 000/an ! 
Comment les blâmer de privilégier les valeurs sûres ? Peut-on s’étonner que notre livre soit feuilleté une minute, avant d’aller dans la pile des rejets ? Et de recevoir une lettre type : « malheureusement, votre projet ne correspond pas à nos collections (ou à notre ligne éditoriale)" ? Comment émerger ? En adressant son manuscrit aussi à de petits éditeurs. Et en persistant sans se décourager. Parfois, un miracle : pas pour mon roman mais pour un livre pratique que j’ai proposé à un éditeur moyen qui l’a pris. Après ? Les choses ne sont pas plus faciles : 40 refus avant de « caser » mon second bouquin !  
J’ai parlé de cela à Thomas. Ces « aventures » de petit auteur m’ont donné l’idée d’un livre pour aider ceux qui, comme nous, veulent se faire publier. Ainsi a paru chez Grancher le Manuel pratique pour les auteurs. Je n’aime guère le titre mais l’éditeur engage son argent et prend des risques. J’ai la chance d’être publié. Et Thomas ? Rien de neuf. Mais il a gagné 15 euros à un concours de nouvelles ! C’est un début. 
En fait, il est plus facile de se faire publier que de gagner au Loto ! Mais il faut mériter sa chance, en soignant la présentation, le français, l’orthographe et en demandant l’avis des proches. Si ça ne marche toujours pas ? Prudence avec l’édition à compte d’auteur ! À côté de gens sérieux, hélas beaucoup d’aigrefins. Méfiance envers leurs pubs affirmant que vos manuscrits les intéressent : l’arnaque est à craindre. Que faire alors ? Comme Thomas et John, se publier sur Internet ! Les nouvelles de Thomas sont sur www.monsieurpie.fr.st, les chansons de John sur www.johnsmusic.fr.st. En faisant connaître ainsi vos œuvres écrites et sonores, votre public sera la communauté du Net. Vos témoins ? Vos compteurs de visites et livres d’or. Vous en parlerez dans vos lettres aux éditeurs. Un jour, l’un d’eux visitera votre site. En constatant de visu sa popularité, peut-être mettra-t-il alors votre œuvre dans la bonne pile ? Good Luck !  

 

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Modifié en dernier lieu le 3.02.2007
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